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Jacopo Robusti, dit Tintoretto Les Dieux assistant au concert des Muses
作品估价:EUR 300,000 - 500,000
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图录号:
52
拍品名称:
Jacopo Robusti, dit Tintoretto Les Dieux assistant au concert des Muses
拍品描述:
Jacopo Robusti, dit Tintoretto
Venise 1518 - 1594
Les Dieux assistant au concert des Muses
Huile sur panneau agrandi, marouflé sur panneau
92,7 x 130 cm ; 36½ by 51⅛ in.
出处
Collection Guerlain, Neuilly-sur-Seine, probablement depuis le début du XIXesiècle
Vente anonyme, Sotheby's, Monaco, 22 février 1986, lot 241
Collection Dr. Carlo Croce, Philadelphie
Vente anonyme, Christie's, New York, 14 janvier 1993, lot 138
Galerie Salander-O'Reilly, New York (selon une étiquette au dos)
Galerie Bob Haboldt, Paris
Acquis auprès de la précédente par l'actuel propriétaire en février 1993
图录说明
Exécuté d’une main sûre et vibrante, particulièrement bien préservé, le présent panneau constitue une rareté dans la production picturale vénitienne du XVIesiècle, car il s’agit en réalité du décor intérieur du couvercle d’une épinette ou d’un clavecin, qui a été retiré de l’instrument probablement dès la fin du XVIeou du XVIIesiècle, et complété dans l'angle supérieur droit par un autre panneau représentant un paysage pour en faire une œuvre rectangulaire. Une copie ancienne de l’œuvre, passée en vente chez Sotheby’s Milan en 2010 (16 novembre 2010, lot 14), semble d’ailleurs confirmer que l’ajout a été effectué relativement tôt.
 
Le tableau a été attribué pour la première fois à Tintoret par Jacques Dupont dans un article de 1946. Ce dernier s’était appuyé sur une comparaison avec un autre décor d’épinette, donné à l’artiste par Bernard Berenson et conservé au musée du Castelvecchio à Vérone, représentant un Concours entre les Muses et les Piérides (huile sur panneau, 49 x 91 cm, inv. 1562-1B102 ; fig. 1). La représentation des Muses, garantes de l’inspiration créatrice, permet de présenter l’Art comme langage universel et sacré, reliant le monde des hommes et la sphère divine, un thème alors commun pour les décors des instruments de musique. 
A la suite de Dupont, l’attribution à Tintoret semble s’être imposée, ayant été notamment confirmée par Rodolfo Pallucchini et Paola Rossi dans leur catalogue raisonné des œuvres peintes de l’artiste, publié en 1982 puis réédité en 1990, tandis que le tableau figurait encore, toujours sous le nom de Tintoret, dans la grande exposition consacrée aux relations entre art et musique à Venise, organisée conjointement par les musées de Montréal et de Portland en 2014. Entre temps, il était passé en vente sous ce nom chez Sotheby’s et chez Christie’s, respectivement en 1986 puis en 1993.
En 2009 cependant, Frederick Ilchman et Robert Echols, dans un article publié à la suite d’un colloque organisé à Madrid en 2007, remettaient en question l'attribution de l’œuvre à Tintoret, sur la base d’une photographie, et la considéraient comme probablement de la main d’un collaborateur ou d’un suiveur du maître, peut-être d’origine nordique, et actif à la fin des années 1570.
 
Plus connu sous le nom de Tintoretto, Jacopo Robusti (1518-1594) est l’un des peintres majeurs de l’école vénitienne du XVIe siècle et du courant maniériste, influençant durablement la peinture baroque européenne. Probablement formé dans l’atelier du Titien, son œuvre est marquée à la fois par l’influence du maître – dans le rendu des couleurs et des effets de matières – et par celle de Michel-Ange – dans son dessin et le traitement anatomique. Il s’illustre par la rapidité d’exécution de ses toiles monumentales aux sujets religieux, allégoriques et mythologiques, souvent peuplées de multiples figures en mouvement. Ses compositions dynamiques et théâtrales se distinguent par des raccourcis audacieux, des effets de lumière saisissants et des couleurs éclatantes, comme en témoignent son Paradis pour le Palais des Doges ou son célèbre cycle pour la Scuola Grande di San Rocco.
 
S’inspirant d’Hésiode, d’Ovide et de la tradition iconographique de la Renaissance, notre composition présente le thème de l’union des Arts et des Sciences à travers un concert donné par les neuf Muses, filles de Zeus, sur le Mont Hélicon en Boétie. Le choix d’un tel sujet semble trouver sa source, dans la sphère artistique vénitienne, dans l’œuvre de Giorgione, et fut traité par à plusieurs reprises par le Tintoret lui-même au cours de sa carrière.
 
Aussi mythique que symbolique, le mont Hélicon est associé à la demeure des déesses inspiratrices des arts et à Pégase. Une fontaine surmontée d’une statue du cheval ailé, rappelant la source née sous l’un de ses coups de sabot, est représentée dans l’angle supérieur gauche, situant la scène. Dans ce paysage sacré, les Muses, accompagnées de leurs attributs, jouent de leurs instruments devant un aréopage divin. On y reconnaît notamment Mercure, dieu du commerce et des voyageurs, à droite de la composition, ainsi que, sur la gauche, Minerve, déesse de l’artisanat, de l’Abondance et d’un faune, peut-être Pan, incarnation de la nature sauvage. Ces divinités sont les protectrices traditionnelles de l’Agriculture et du Commerce.
 
Le style de l’œuvre, comme sa comparaison avec l’exemplaire de Vérone, permet de dater l’exécution du présent panneau autour de 1545.
 
Fig. 1 Jacopo Robusti dit Tintoretto, Concours entre les Muses et les Piérides © Verona, Musei Civici, Archivio fotografico (foto Gianluca Stradiotto, Verona).