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Camille Pissarro (1830-1903) Le Quartier de l’Hermitage, Pontoise
作品估价:EUR 800,000 - 1,200,000
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成交状态:未知
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图录号:
109
拍品名称:
Camille Pissarro (1830-1903) Le Quartier de l’Hermitage, Pontoise
拍品描述:
Camille Pissarro (1830-1903)
Le Quartier de l’Hermitage, Pontoise
signé et daté ‘C. Pissarro. 1874’ (en bas à gauche)
huile sur toile
46 x 56 cm.
Peint en 1874

signed and dated 'C. Pissarro 1874' (lower left)
oil on canvas
18 1⁄8 x 22 1⁄8 in.
Painted in 1874
Atelier de l'artiste.
Paul-Émile Pissarro, France (par descendance).
Hermann Ullstein, Berlin puis New York (avant 1943).
Docteur et Madame Helmut Paul George Seckel, Chicago (par succession avant 1946); sa vente, Sotheby Parke Bernet, New York, 25 octobre 1972, lot 21.
Wildenstein Galleries, Paris et Londres (acquis au cours de cette vente).
Collection particulière, Suisse (acquis auprès de celle-ci en 1980).
Acquis propriétaire actuel en 2015.
L. Rodo Pissarro et L. Venturi, Camille Pissarro, Son Art, Son Œuvre, San Francisco, 1989, vol. I, p. 115, no. 253 (illustré, vol. II, pl. 51).
J. Pissarro et C. Durand-Ruel Snollaerts, Pissarro, Catalogue critique des peintures, Paris, 2005, vol. II, p. 268, no. 348 (illustré en couleurs).
Chicago, The Arts Club of Chicago, Paintings by Camille Pissarro, janvier 1946, no. 27.
Pissarro et sa famille vécurent à Pontoise de 1866 à 1868 puis de 1871 à 1883. Située sur une colline au bord de l’Oise à environ 25 km au nord-ouest de Paris, cette ville marchande prospère offre à l'artiste une variété inépuisable de motifs qu'il explore dans de nombreuses peintures, aquarelles et gouaches au cours de ses séjours. Attiré par la tranquillité de ce bourg rythmé par la vie agricole, Pissarro devient inéluctablement lié à la ville de Pontoise.
C’est au cours de son second séjour, en 1874, que Pissarro peint Le Quartier de l’Hermitage, Pontoise. Les maisons représentées au second plan sont celles de la rue de la Côte-du-Jalet, actuelle rue Victor Hugo. Le chemin bordé de végétation en forme d’arc de cercle annonce la rupture progressive avec la peinture de paysage traditionnelle. Le paysage est transformé en plans distincts. La touche est libre et évocatrice, la peinture est appliquée généreusement et les coups de pinceaux demeurent visibles. Les couleurs sont moins, voire presque non mélangées ce qui les rend plus vives et lumineuses. Pissarro se détourne du centre moderne de Pontoise et se concentre sur le paysage de l’Hermitage, un quartier rural en périphérie de la ville, caractérisé par des petits hameaux et jardins potagers comme ceux représentés ici.
Cette période d’expérimentation stylistique de l’imagerie rurale et de changement des intérêts iconographiques de Pissarro est amorcée un an plus tôt sur les conseils de Théodore Duret (1838-1927), éminent critique d’art et fervent défenseur des Impressionnistes avec lequel le peintre échange régulièrement. Dans une lettre datée du 6 décembre 1873, Duret écrit les mots suivants à Pissarro : « Je persiste à penser que la nature, avec ses champs rustiques et ses animaux, est ce qui correspond le mieux à votre talent. Vous n'avez pas le sens décoratif de Sisley, ni l'œil fantastique de Monet, mais vous avez ce qu'ils n'ont pas, un sentiment intime et profond de la nature. Si j'avais un conseil à vous donner, je vous dirais de ne penser ni à Monet ni à Sisley ; suivez votre propre voie ; dans votre chemin de la nature rustique, vous vous engagerez dans une voie nouvelle, à la fois aussi loin et aussi haut que n'importe quel maître » (T. Duret cité dans R. Brettell, Pissarro and Pontoise, New Haven, 1990, p. 165). Ces encouragements sont l’élément déclencheur qui permet à Pissarro d’atteindre l’apogée de sa carrière en 1874 et de s’affirmer comme le maître des paysagistes impressionnistes.
Pissarro est rejoint à Pontoise par son ami Paul Cézanne en 1873. Moment critique dans la carrière de Cézanne, l'artiste abandonne alors sa palette sombre et les empâtements de ses œuvres antérieures pour adopter un style impressionniste. Pissarro affrime alors que Cézanne "subit mon influence et moi la sienne" (C. Pissarro cité dans J. Pissarro, Pioneering Modern Painting, Cezanne and Pissarro, 1865-1885, cat. exp., The Museum of Modern Art, New York, 2005, p. 123); Pissarro en structurant ses paysages et Cézanne en éclaircissant ses compositions. Cette évolution stylistique est amorcée dans Le Quartier de l’Hermitage, Pontoise et deviendra de plus en plus prononcée ultérieurement, notamment lorsque Cézanne peint L’Hermitage à Pontoise en 1881. Aujourd’hui conservée au Von der Heydt-Museum à Wuppertal en Allemagne, l’œuvre témoigne du fort attachement de Pissarro à la commune mais aussi, visuellement, de la forte amitié qui unissait les deux artistes.
Le cadrage original, le soin apporté à la restitution de la lumière et les petites touches successives de peinture déployées rapidement sont autant d’éléments qui constituent le fondement du mouvement impressionniste. Peint en 1874, année même de la toute première exposition de la Société anonyme coopérative des artistes peintres, sculpteurs et graveurs à Paris, plus communément appelée Première exposition impressionniste et à laquelle Pissarro participe, Le Quartier de l’Hermitage, Pontoise s’inscrit aux prémices de l’Impressionnisme dont la courte période d’activité ne durera qu’officiellement douze ans. C'est un exemple particulièrement réussi du développement pictural que Pissarro poursuivi avidement sa vie durant.
Pissarro and his family lived in Pontoise from 1866 to 1868, then from 1871 to 1883. Located on a hillside along the Oise River, about 25 km northwest of Paris, this prosperous trading hub offered the artist an endless variety of subjects, which he explored through numerous paintings, watercolors, and gouaches during his stays. Drawn to the tranquility of this village, where life was shaped by agricultural rhythms, Pissarro became inextricably linked to Pontoise.
It was during his second stay, in 1874, that Pissarro painted Le Quartier de l’Hermitage, Pontoise. The houses depicted in the middle ground belong to Rue de la Côte-du-Jalet, now Rue Victor Hugo. The curved, vegetation-lined path foreshadows his progressive break from traditional landscape painting. The scenery is divided into distinct planes. The brushwork is free and evocative, the paint applied generously, with visible brushstrokes. The colors are less blended, if at all, which makes them more vibrant and luminous. Pissarro turns away from Pontoise’s modern center and focuses instead on the landscape of L’Hermitage, a rural district on the town’s outskirts, characterized by small hamlets and vegetable gardens like those seen here.
This period of stylistic experimentation, marked by a focus on rural imagery and a shift in Pissarro’s iconographic interests, had already begun a year earlier following the advice of Théodore Duret (1838–1927), a prominent art critic and passionate advocate of the Impressionist movement, with whom the painter corresponded regularly. In a letter dated December 6, 1873, Duret wrote to Pissarro:
"I still believe that nature, with its rustic fields and animals, is what best suits your talent. You do not have Sisley’s decorative sense or Monet’s fantastical eye, but you possess a quality they do not—an intimate and profound feeling for nature. If I were to give you any advice, it would be this: think neither of Monet nor of Sisley; follow your own path. In your pursuit of rustic nature, you will embark on a new course, one as far-reaching and as elevated as that of any master" (T. Duret in R. Brettell, Pissarro and Pontoise, New Haven, 1990, p. 165).
These words of encouragement became the catalyst for Pissarro’s artistic peak in 1874, driving him to affirm his place as a leading figure in Impressionist landscape painting. In 1873, Pissarro welcomed his friend Paul Cézanne to Pontoise, marking a decisive turning point in Cézanne’s artistic journey. It was during this time that Cézanne abandoned his dark palette and heavy impasto in favor of an impressionist approach. Pissarro later affirmed that he and Cézanne "is influenced by me and I by him" (C. Pissarro in J. Pissarro, Pioneering Modern Painting, Cezanne and Pissarro, 1865-1885, cat. exp., The Museum of Modern Art, New York, 2005, p. 123): Pissarro by structuring his landscapes more clearly, and Cézanne by lightening his compositions. This stylistic evolution began with Le Quartier de l’Hermitage, Pontoise and would become even more pronounced in later works by Cézanne, particularly in L’Hermitage à Pontoise, painted in 1881. Now housed in the Von der Heydt Museum in Wuppertal, Germany, this work not only testifies to Pissarro’s deep attachment to the town but also visually reflects the profound friendship that united the two artists.
The original framing, the careful rendering of light, and the rapid succession of small brushstrokes are all fundamental elements of Impressionism. Painted in 1874 - the very year of the first exhibition of the Société anonyme coopérative des artistes peintres, sculpteurs et graveurs in Paris, commonly known as the First Impressionist Exhibition, in which Pissarro participated - Le Quartier de l’Hermitage, Pontoise stands at the dawn of Impressionism, whose official lifespan lasted only twelve years. It is a particularly successful example of the artistic evolution that Pissarro pursued relentlessly throughout his life.